SDF à Tokyo

C'était une froide semaine d'hiver. De la mer du Japon au nord de l'archipel, à Kyoto, j'ai déambulé me posant à Tokyo quelques jours. Il faisait un temps glacial mais ensoleillé ce qui favorisa l'envie de marcher à travers cette ville curieuse et de prime abord complexe. Les jardins publics brillaient sous le soleil, certains offraient même quelques roses. C'est là que me sont apparus ces formes recouvertes de papiers journaux, de cartons, allongées à même le sol. Détail pathétique, en toute situation les chaussures étaient posées juste à côté. Les sdf japonais respectent la tradition. On retire ses chaussures en entrant dans une demeure, sauf qu'ici l'espace symbolisant la demeure était un morceau de carton, ou une bâche bleu posée au petit bonheur la chance. On les appelle - houmuresu -. Certains ont décidé de s'exclure du système en proie à la crise économique dans les années 90, ce sont des - Johatsu - des évaporés. Ils ont apparus au moment de cette crise économique et ne sont pas majoritairement des marginaux.
Ces dernières années des personnes âgées sont venues grossir cette communauté précaire. Pour ne pas être un fardeau pour leurs enfants des vieux parents habitent dans la rue. Ils commettent des larcins afin de se retrouver en prison où ils seront assurés du gîte et du couvert. Les repaires ont aussi explosé dans cette société parfaitement codifiée depuis des millénaires. C'est une image perturbante et paisible à la fois car les sdf sont ici respectés et protégés par les populations pleines de compassion.